PESTICIDES et MALADIES NOUVELLES
Les pesticides seront interdits dans les espaces verts en 2020
Publiée le 20 novembre 2013 à 08:17 dans Actualité de la santé
Le Sénat a adopté une proposition de loi interdisant aux collectivités l'usage des pesticides dans les espaces verts d'ici 2020. Les particuliers ne pourront plus en acheter pour les utiliser dans leur jardin d'ici 2022.
L'objectif du plan Ecophyto 2018, réduire de 50% l'usage des pesticides en France d'ici 2018, est loin d'être atteint.
Le Sénat a cependant signé une avancée pour réduire l'utilisation des produits phytosanitaires en France.
La mission d'information du Sénat, portant sur les pesticides et leur impact sur la santé et l'environnement, a établi plusieurs constats : les dangers et les risques des pesticides pour la santé sont sous-évalués. Le suivi des produits pesticides après leur mise sur le marché n'est qu'imparfaitement assuré au regard de leurs impacts sanitaires réels.
Les scientifiques ont démontré que les pesticides étaient à l'origine de malformations génitales, de retards de croissance intra-utérins, de cancer, d'obésité, de diabète, de maladies dégénératives comme la maladie de Parkinson. En France, les pollutions aux pesticides sont alarmantes : 95 % des cours d'eau et 70 % des nappes phréatiques sont pollués.
De plus, la mission a constaté que les protections contre les pesticides ne sont pas à la hauteur des dangers et des risques. Les pratiques industrielles, agricoles et commerciales actuelles n'intègrent pas la préoccupation de l'innocuité pour la santé du recours aux pesticides.
Les usages des pesticides par les particuliers et les communes représentent 5 à 10 % des utilisations totales en France. Le projet de loi voté par les sénateurs prévoit l'interdiction de l'utilisation de produits phytosanitaires dans les zones non agricoles d'ici 2022.
Les collectivités locales ne pourront plus en utiliser dans leur espaces verts d'ici 2020 (10 % des communes en France sont d'ores et déjà passées au "zéro phyto"). Quant aux particuliers, ils ne pourront plus acheter de produits phytosanitaires pour un usage non professionnel d'ici à 2022.
ET AUSSI PREUVE DIRECTE
Le taux de pesticides dans le corps humain est plus élevé chez les Français
LE MONDE | 30.04.2013 à 11h11 • Mis à jour le 03.05.2013 à 10h47 | Par Paul Benkimoun
Les Français présentent un niveau d'imprégnation par les pesticides parmi les plus élevés, par rapport à ceux relevés dans des pays comparables. C'est ce qui ressort des résultats de la première étude du genre, publiée lundi 29 avril, et réalisée par l'Institut de veille sanitaire (InVS).
Cette enquête constitue le volet environnemental de l'étude nationale nutrition santé. Menée en 2006 et 2007, elle a porté sur un échantillon d'environ 3 100 personnes âgées de 18 à 74 ans, représentatif de la population résidant en France métropolitaine. Elle comporte deux volets. Le premier porte sur l'exposition aux pyralènes (PCB-BL ou polychlorobiphényles non dioxine-like), substances utilisées comme lubrifiants ou isolants, et aux pesticides. Le second concerne les métaux lourds.
Parmi les pesticides, les investigateurs distinguent l'exposition liée à des produits pour la plupart désormais interdits appartenant à la famille de organochlorés, et l'exposition aux organophosphorés (toujours utilisés) et aux pyréthrinoïdes.
Si "les mesures d'interdiction et de restriction d'usage semblent avoir montré leur efficacité pour les pesticides organochlorés", souligne l'InVS, ces produits ont un caractère persistant. Les niveaux retrouvés dans les urines en France sont intermédiaires entre ceux des Etats-Unis ou de l'Allemagne et ceux des autres pays européens. Mais, pour l'un des organochlorés, le 2,5-DCP (paradichlorobenzène, utilisé comme antimite ou désinfectant) le niveau moyen est dix fois plus élevé qu'en Allemagne. Une "particularité française", qui mérite d'être explorée, selon l'InVS.
CONTRASTE AVEC LES NIVEAUX D'IMPRÉGNATION
Développés comme alternative aux pesticides organochlorés (tels le DDT), les organophosphorés ont été retrouvés à un niveau supérieur à celui constaté dans la population américaine, et similaire à celui présenté par les Allemands.
Dans le cas des pesticides les plus récents, ceux de la famille des pyréthrinoïdes, le contraste avec les niveaux d'imprégnation de la population américaine est encore plus marqué. Les taux français apparaissent trois fois plus élevés que ceux constatés outre-Atlantique et demeurent supérieurs à ceux relevés en Allemagne. Les produits de dégradation des pesticides pyréthrinoïdes "ont été retrouvés dans plus de 80 % des échantillons", à l'exception de deux des produits de cette famille.
Quant aux pyralènes, les niveaux de concentration sanguins sont "un peu supérieurs à ceux rapportés dans la population allemande il y a dix ans" (et qui ont vraisemblablement diminué depuis, précise l'InVS). Surtout, ils sont quatre à cinq fois supérieurs à ceux de la population américaine ou néo-zélandaise.
RETARDS CHRONIQUES
Pour ce qui est des métaux lourds, l'étude dresse un inventaire plutôt rassurant. Les taux sanguins de plomb ont baissé d'environ 60 % par rapport à ceux observés en 1995. Cette diminution résulte des efforts qui ont porté sur l'élimination du plomb dans les peintures et l'essence.
Les concentrations urinaires de cadmium – un toxique qui a tendance à s'accumuler – sont comparables à celles relevées précédemment en France, en Europe et aux Etats-Unis. Le seuil correspondant à une augmentation du risque d'atteinte rénale est dépassé dans 1,5 cas sur mille.
Les concentrations de mercure dans les cheveux, qui servent d'indicateur, restent à des niveaux "relativement faibles". Mais 19 % des adultes dépassent le seuil de 1 µg/g de cheveux adopté par les Etats-Unis. Quant à l'arsenic inorganique, la forme la plus toxique de ce métal, les taux retrouvés sont "relativement bas."
C'est donc un premier état des lieux que livre l'InVS, mais il reste que la "biosurveillance" en France présente des retards chroniques par rapport à celle de nos voisins.
- Paul Benkimoun
Journaliste au Monde
LES FRANCAIS ET L'EAU
93% des cours d’eau français contaminés par les pesticides
Pour le Commissariat général au Développement durable, la contamination par les pesticides est « quasi généralisée »....
Il fut un temps où l'eau était une vraie richesses nationale. Nos dirigeants publics et privés l'ont épuisée! Ici, le principe pollueur-payeur aurait gagné à être appliqué depuis les années 60 et l'industrialisation de la production agricole soutenue par les pouvoirs publics, les industries agro-alimentaires, les syndicats agricoles et les producteurs de semences, engrais et pesticides...